
La nouvelle année est là, blanche, vierge, pleine de promesses, prête à se remplir de nouvelles expériences, de nouveaux projets, de nouvelles listes et de nouvelles Bonnes résolutions. Les résolutions qu’on s’était déjà promis de respecter l’année dernière, et l’année précédente. Les résolutions qu’on a souvent oubliées depuis, évanouies plus ou moins vite pour chacun d’entre nous. Ces mêmes résolutions dont on parle tout le mois de janvier et qui disparaissent le plus souvent comme s’arrêtent les échanges de vœux au 31 janvier. C’est un peu comme le vœu que l’on fait à chaque anniversaire, et qu’on oublie quelques jours après. J’ai bien souvent pensé à écrire sur un papier mes bonnes résolutions comme mes vœux d’anniversaire afin de ne pas les oublier. Les relire chaque matin afin de m’assurer de les enregistrer et ainsi forcer mon cerveau à s’y tenir, le contraindre par la fameuse méthode Coué que cette année, oui cette année, je ne serais pas faible. Cette année j’accomplirai ce que j’ai prévu. Ma volonté sera plus forte. J’arrêterai de fumer, de boire, de manger gras, je ferai plus de sport, je perdrai ces 3 maudits kilos, je me coucherai plus tôt, je consacrerai plus de temps à mes vrais amis, j’arrêterai de procrastiner, je téléphonerai à la famille chaque semaine, j’arrêterai de m’auto-stresser, j’enverrai des cartes aux anniversaires et pour la nouvelle année, je rangerai le garage, je rejoindrai une association, me couperai les cheveux, décrocherai enfin de Facebook, Twitter et Instagram.
Une étude américaine a montré que 88% des bonnes résolutions échouaient. Avec des statistiques pareilles, nous devrions toutes ranger nos résolutions au placard. C’est un peu comme si on nous annonçait que le taux de chômage en France était de 88%. « Retentez l’année prochaine, vous avez 12% de chance de réussir ! » Avec des stats pareilles, qui honnêtement se mettrait en recherche active d’un emploi ? L’Espoir fait vivre je le concède, mais 88 personnes sur 100 vont échouer. Croyez-vous vraiment être parmi les 12 rescapés ? A moins d’être très confiant dans sa volonté, cette même volonté qui nous a fait défaut les 11 derniers mois, on risque d’être déçu courant mai, le moment où, allez savoir pourquoi, nos bonnes résolutions se rappellent à notre bon souvenir. Et là de penser « Ah oui c’est vrai je m’étais promis d’arrêter… de commencer… de partir… de diminuer… de téléphoner plus souvent… »
A la rentrée aussi ça nous traverse l’esprit là encore. A ce moment-là soit on balaye l’idée rapidement de sa réflexion parce que oui « c’est loin tout ça », et qu’on ne culpabilise plus. Apres tout on est à 4 mois de la fin d’année ! Il sera bien temps d’y repenser en janvier prochain. C’est vrai, ce serait comme commencer un régime un samedi ! Et puis d’ici janvier, les priorités auront changé, les résolutions aussi… Ou pas ! Toutefois pour beaucoup, septembre est le moment où l’on a un regain d’énergie. Souvenir d’un temps révolu, celui de la rentrée des classes et des promesses de bien commencer la rentrée et de travailler plus CETTE année! La rentrée c’est donc aussi une nouvelle année… Scolaire, professionnelle, sportive. Septembre est ancrée en beaucoup d’entre nous, et une nouvelle vague de résolutions apparaît, pour nous tenir alerte jusqu’à un nouveau cycle. Les inscriptions aux salles de sport c’est maintenant ! La demande de promotion au bureau c’est maintenant aussi si l’on veut s’assurer le changement pour janvier lors du renouvellement de budget annuel ! Le temps en plus qu’on accorde à sa famille, c’est aussi maintenant ; la saison de Noël approche, non ?
Bref on n’en finit pas de bonnes résolutions et de bonnes occasions pour les renouveler d’une année sur l’autre, et notre cerveau, notre fameuse volonté n’a toujours pas compris ou abdiqué face à l’échec programmé et connu de tous et surtout de nous-même face à ce projet ambitieux et contre nature, voué à 88% d’échec je le rappelle.
J’ai découvert récemment un blog américain où dans un article était expliqué que la volonté est un muscle qu’il faut travailler, qu’il faut programmer ou reprogrammer, hors contexte. Il ne sert à rien de se dire demain ou lundi c’est décidé je me lève à 5h30 pour voir le lever du soleil et profiter pleinement de la vie et d’une longue journée avant tout le monde. Il nous est tous arrivé de nous lever à l’aube, que ce soit chez soi ou souvent lors d’un voyage dans un pays exotique et chaud (oui cette notion est importante, notre cerveau lui l’intègre ; les conditions sont propices aux révélations et résolutions !), il nous est arrivé d’observer le lever du soleil et la nature qui s’éveille, les oiseaux qui chantent, et de s’être dit intérieurement : « c’est beau quand même, la Nature est bien faite, ce lever de soleil ça mérite d’être vu chaque matin. » Et d’ajouter si l’on est en voyage : « ils en ont de la chance les locaux de pouvoir assister à cela tous les jours ! » Par ce que oui dans nos villes, dans notre rythme métro/voiture-boulot-petit verre de vin-dodo, les levers de soleil auxquels on assiste se comptent souvent sur les doigts d’une main. On ne prend le temps d’observer ce qui nous entoure et de nous reconnecter à la Nature que lors de nos 5 semaines de vacances, pour les plus chanceux.
Bref, cet américain, Expert en Développement Personnel conseillait de reprogrammer son cerveau, hors contexte. Pour s’assurer de se lever plus tôt le matin par exemple, il préconise de s’entrainer durant la journée. Reproduire la scène : fermer les volets, plonger la pièce dans le noir, se coucher, programmer la sonnerie de son réveil 5 minutes plus tard, bâiller, fermer les yeux comme pour s‘endormir. Puis lorsque le réveil sonne, ne pas réfléchir, ne pas laisser le cerveau décider, mais se lever d’un bon, s’étirer, sourire à cette nouvelle journée et faire la première chose que l’on fait chaque matin habituellement. Se brosser les dents, aller préparer la table du petit déjeuner…
Et de refaire cette mise en scène plusieurs fois, plusieurs jours de suite. Tout comme ces reflexes ou habitudes prises depuis des années. Un entrainement qui doit porter ses fruits car il est basé sur la répétition de gestes conditionnés.
Lorsque vous allez au bureau en métro, lorsque vous accompagnez les enfants à l’école le matin, lorsque vous effectuez les gestes pour préparer le petit déjeuner, tous ces gestes ne sont pas réfléchis, ils sont automatiques, conditionnés par l’habitude. Et bien c’est le même principe.
Partant de là, on peut appliquer la méthode à beaucoup de nos résolutions :
- Pour se remettre au sport, il suffit de s’entrainer à mettre sa tenue et ses baskets régulièrement.
- Pour arrêter de fumer, se dire que l’on fume sa dernière cigarette, puis jeter son paquet de cigarette, son briquet, et pendant 1 heure considérer que l’on est non-fumeur.
- Pour perdre du poids, de chez soi, (prévoir une pomme à disposition) fermer les yeux et imaginer qu’on est devant une pâtisserie et qu’on est tenté par une belle religieuse au chocolat. Puis ouvrir les yeux et se diriger sans réfléchir pour saisir la pomme et la croquer à pleines dents. S’entrainer avec fruit, yaourt, légume cru… Mais à ne jamais, jamais tenter le ventre vide ou avant un repas, au risque de voir son exercice se terminer au fond du placard à gâteaux ou dans le plateau de fromages ! Et les bonnes résolutions de se changer en kilos supplémentaires !
Cette méthode rejoint la méthode Kaizen*, que j’applique souvent. Une méthode toute en douceur. Méthode que j’appelle aussi la méthode « Petit pas-Petits pas » !
De minuscules objectifs accomplis, valent mieux que de grandes ambitions abandonnées.
Pour comprendre le principe c’est simple. Prenez votre objectif et minimisez-le au maximum. J’explique. L’objectif est de retrouver un ventre plat, donc pas d’autres solutions que de s’infliger les feux de séances d’abdos. Et bien la méthode préconise de faire une part qui ne serait pour nous d’aucune contrainte. Combien d’abdos accepterais-tu de faire sans contrainte, sans souffrance, mais chaque jour ?
10 mouvements d’abdos ? 5 ? 2 ? Il ne faut pas avoir honte ! 2 par jour c’est un début et c’est bien. Ne pensez surtout pas le contraire.
L’objectif étant de, là encore, programmer son cerveau et le motiver. Lui montrer que c’est facile et que cela peut être amusant même. Pas d’obligation, pas de pression d’aucune sorte. Chaque jour un mini objectif ? Un tout petit pas. Mais la méthode affirme qu’au bout d’un certain temps, le cerveau va de lui-même se dire, je peux faire 4 abdos par jour, « trop facile ! » Surtout pas de grand saut, pas de gros objectif. Toujours un objectif réalisable et qui nous semble si petit, si facile que c’est sûr on ne peut que le réussir. Et en avançant ainsi tout doucement, il y a de grandes chances que nous soyons alors dans les 12% de réussites des bonnes résolutions de l’année.
Reste encore ma résolution annuelle préférée : le boycott ! La rébellion, l’anticonformisme social. Enfin pas tout à fait. Une résolution quand même, car oui je suis conditionnée n’oublions pas !
Une résolution qui, quand je l’évoque, me donne le sourire et me semble facile à tenir. Plus facile que la méthode Kaizen. Plus simple qu’un petit pas ! Me promettre une année à me faire plaisir ! Me chouchouter ! Prendre soin de moi, comme je veux, quand je veux, sans objectif. Suivre mes envies. Une année toute en douceur et ancrée dans le présent, à l’écoute de mon corps. Je n’ai pas dit à l’écoute de tous mes vices et faiblesses. J’ai bien dit à l’écoute de mon corps, physique et mental. À l’écoute des autres et de ce qui m’entoure. Me focaliser sur ce qui est maintenant, sur ce dont j’ai envie, vraiment envie. Et lâcher prise aussi, accepter que certaines choses ne changent pas, même si a priori on est persuadée que la vie serait mieux, plus belle si certaines choses changeaient. Mais nous ne sommes pas toutes faites pour faire 50 kilos, pas toutes faites pour avoir de grandes responsabilités professionnelles et le stress qui va avec, pas toutes faites pour avoir des ongles longs et manucurés, pas toutes biologiquement faites pour se lever en forme à 5h30 chaque matin et surtout pas le dimanche, aussi beau et exceptionnel soit chaque lever de soleil. Il y en a tous les jours, on aura des occasions de l’observer lors de nos prochaines vacances à Djerba ou à Bali !
Ainsi, il y a 2 ans j’ai eu envie de courir, j’y pensais depuis longtemps, je culpabilisais de ne plus faire autant de sport et me mettait la pression. Je me sentais en échec et « nulle » de ne pas y arriver, moi qui par ailleurs, aimait et pratiquait beaucoup de sport. En plus de ne pas tenir nos résolutions, nous subissons le regard réprobateur de son entourage parfois, de soi-même bien souvent. Et puis un jour, je me suis dit que c’était une belle journée pour courir, mon corps le réclamait. Depuis, je n’ai pas arrêté. Je vais courir sans obligation, quand j’en ai envie et quand j’ai le temps. Et c’est un vrai moment de plaisir.
Le sentiment d’échec est à bannir ! Pour être heureux et bien dans sa peau et dans sa vie, réduisons les bonnes résolutions, réduisons les listes interminables de choses à faire. Pour connaître ses vraies envies, ses priorités, il suffit de s’écouter. Prendre le temps, vider son esprit de toutes ces choses superflues, et laisser l’essentiel se révéler. Non ce n’est pas loufoque comme on le pensait de certaines pratiques hippies à l’époque ; avec un peu de pratique cela marche. Il suffit de se demander : « de quoi ais-je vraiment envie ? Qu’est-ce que mon corps, mon esprit souhaite, ou a besoin pour être bien aujourd’hui / ce weekend / cette année ? »
La seule résolution qui vaille la peine c’est celle de ne pas se contraindre, d’être à l’écoute de soi d’abord, de son corps, de son cœur, même si cela peut paraître égoïste à certain, c’est la résolution que j’ai trouvé pour être en harmonie et plus heureuse.
Alors là aussi il faut un peu de pratique. J’oublie parfois moi-même cette unique résolution et replonge dans de vieux rituels et habitudes source de mal-être. Ce n’est pas grave, j’apprends à accepter de ne pas être infaillible, même avec une méthode aussi douce, car je suis persuadée qu’en pratiquant, en reprogrammant mon cerveau, jour après jour, petits pas par petits pas, je m’approche un peu plus de la réussite de mon seul objectif de sérénité et de liberté.
Alors en ce début d’année, je souhaite à tous et à toutes une année 2016 douce et zen, égoïstement pleine d’amour ! 😉
* « Un petit pas peut changer votre vie ; La voie du Kaizen », de Robert Maurer, chez poche