
Un nouveau dimanche matin, un nouveau défi à relever. Un ordinateur, un café, une page Word blanche devant les yeux et cette question en police taille 36 dans ma tête : sur quoi vais-je écrire aujourd’hui ? Dans quoi t’es-tu lancée ? Es-tu seulement capable d’écrire des articles régulièrement pour alimenter ce blog ? N’était-ce pas un peu ambitieux ? Un nouveau doute s’ajoute à une liste déjà bien longue.
Nous sommes en décembre, les fêtes de fin d’année approchent et à Londres particulièrement l’esprit de Noël est bien là. Ce sera mon premier Noël ici ! Je suis tout à la fois excitée par cette atmosphère chaleureuse et pétillante, émerveillée par toutes ces décorations de rues et de grands magasins, plus somptueux et ostentatoires les uns que les autres. Je suis envoûtée par les chants de Noël classiques, rétros, cheap 80’s ou revisités et je ne m’en lasse pas. Avec Monsieur on joue le jeu, on se laisse emporter par cette douce énergie enfantine et ni une ni deux nous voilà avec nos 3 spectacles et comédies musicales de Noël bookées ! On ne pense qu’aux chocolats chauds à la cannelle, aux afternoon tea qui s’éternisent et tout ce qui est rouge et doré nous attirent de façon incontrôlable. Elf, Charlie et la chocolaterie, Christmas Carols concerts… Nous voilà ! Ici les adultes portent des bonnets de père Noël, des pulls rouges avec des têtes de cerfs et des clochettes qui teintent pour de vrai, c’est magique ! 3,23, 33 ans… On reste les mêmes au fond ! Same Same… but a bit older ! Les commerçants eux l’ont bien compris.
Santa is coming to town ! Rien que cela suffit à vous emporter dans un autre monde. Un monde d’imagination, de rêve, de générosité les uns envers les autres, un monde de choses simples ; enfin c’est ce que cela devrait être ; uniquement. Et pourtant… Ce n’est pas exactement cela. A Londres une autre facette est bien réelle et bien visible tout autour de vous. C’est cette exposition de richesse que la ville et ses habitants vous renvoient tout le temps et partout sans répit. Je m’explique : des voitures de luxe, des femmes richement diamantées, des bébés dans leurs poussettes portant des blousons avec capuches en vison, des stands proposant des mini chichis au sucre à 7 livres ! (10 euros à ce jour). Mais le cornet est tout mignon, avec une mini fourchette en plastique rouge pour « Noëllll » ! Ça vaut bien d’en acheter un pour chaque membre de la famille, qu’il soit majeur et gagne sa vie, qu’il sache marcher, ou non ! La bouteille d’eau ou de fruit en plus, et cela nous fait un joli street goûter de Noël pour seulement 60 euros ! Et pour ce prix, on ne peut pas s’asseoir. Commun ici ! Et la journée n’est pas terminée pour cette jolie famille qui sait profiter de ce que la ville vous offre de magique en cette période. Ce dimanche d’hiver se poursuit au minimum par une petite glisse sur l’une des nombreuses et enchanteresses patinoires extérieures de la ville, ou les entrées et la durée de patinage est limitée à 50 minutes pour un coût de 12 à 17 livres, soit 16 à 23 euros par personne. Je ne critique pas, j’explique ! A voir cela chaque jour, Il est néanmoins facile d’en perdre ses repères et la notion de valeur des choses.
L’image qui me vient en tête c’est celle de Picsou, nageant dans sa piscine de pièces d’or, les jetant en l’air pour les voir retomber en pluie dorée. Et bien Londres c’est une immense piscine de pièces d’or et dedans y nagent une multitude de Picsous !
Cette ville est magique à Noël et propose beaucoup d’activités de loisirs très variées, mais tout a un coût, et pas des moindre. Si vous vous appeler Picsou, vous vivez vraiment cette période fastueusement comme l’illustre la famille aux chichis de Noël. Vous pouvez même faire venir Santa @ Home. Mais si vous êtes plus Donald, vous vous sentez un peu lésé et envieux et cherchez comment vous aussi avoir votre Santa @ Home. Si vous êtes plus Mickey le bienheureux, vous êtes sur votre nuage, respirant l’air de Noël grâce a une simple promenade dans un des parcs et marchés de Noël illuminés et gratuits tout en sirotant votre chocolat chaud d’une chaîne de café bien connu. Vous pensez tout simplement à votre chance d’avoir une petite chaumière, la santé, un Americano pour 4 euros ou un Expresso pour 3 euros en allant au travail chaque matin, et un repas de Noël en famille ou entre amis.
Si seulement les choses étaient si manichéennes, mais rien n’est si simple, quand on est une femme mi-Donald, mi-Mickey ! (Oui j’ai volontairement exclue Daisy et Minnie, pour le moment) Curieuse de tout essayer, de tout goûter, j’ aime les belles choses et je n’aime pas la frustration. Qui dit belles choses dit $$$$ ! Mais j’aime aussi les belles personnes, les rencontres et les échanges et j’apprécie la beauté des choses simples et délicates de la nature, et la sérénité qu’on ressent dans ces moments de sagesse où la vacuité de ce qui nous entoure nous apparaît clairement et où les choses simples et non commerciales sont également celles que l’on désire… Alors comment faire pour concilier ces paradoxes !
J’ai bien conscience de la futilité de l’argent et des biens de consommation. Que le marketing, la publicité, le consumérisme et le capitalisme nous contaminent. Mais comment trouver son équilibre et concilier vie épanouissante, basée sur les choses essentielles, simples et vraies de la vie tout en vivant dans ce monde ou tout est basé sur l’argent, l’apparence ? Minnie a-t-elle besoin du dernier sac Chanel ou de Louboutin de 12 cm aux pieds pour être heureuse ? Minnie elle n’en a pas besoin ! C’est une vraie Souris, forte ! Ça a l’air bien plus simple dans sa tête que dans la mienne c’est certain ! En même temps Minnie est un personnage fictif sorti de l’esprit de M. Disney. Je ne connais pas l’histoire de Walt et comment il en est venu à inventer Picsou, Mickey et Donald, mais partant de cette ignorance, mon imagination peut aisément combler cette lacune et se demander si Walt n’était pas en proie aux doutes lui aussi ? S’il n’était pas en quête d’équilibre dans ce monde ? S’il ne cherchait pas à trouver des solutions pour harmoniser ses sentiments ambivalents et si ces personnages et son monde n’étaient pas une façon d’extérioriser ses propres questions existentielles ?! Je vais trop loin vous pensez ?
Quand j’ai aussi cette impression, je pense à Albert qui disait “l’imagination est plus importante que le savoir.” Dans mon cas je n’ai pas encore trouvé une solution intermédiaire satisfaisante pour me sentir à ma place, en harmonie avec toutes ces contradictions et ces extrêmes, ni de solution sur la question de l’importance qu’a l’argent dans notre degré de bonheur. Cette question est d’autant plus complexe lorsque l’on vit comme moi dans une capitale ou une grande ville où les tentations sont partout, tout le temps.
A moins d’être une femme née en 1928 comme Minnie, il n’est pas aisé de se couper du monde qui nous entoure, ni des médias qui nous renvoient cette image de bonheur dans la possession.
Quoique, Minnie était une femme-souris très coquette et déjà fashion pour son époque. Fallait voir sa mini-jupe et ses talons en 1930 ! Avec encore un peu d’imagination, si Minnie était une femme de notre époque, qui dit qu’elle ne serait pas une business woman et une fashion victime, addict aux Louboutin ?!!