L’école de demain

L’école de demain

Mandela : un long chemin vers la liberté ! En regardant ce film, je réalise à quel point je connais peu son histoire, hormis les grandes lignes qui se résument à l’incarcération et à la libération de cet homme en lutte contre les inégalités raciales dans son pays, et qui est devenu plus tard Président de l’Afrique du Sud. J’en arrive à penser que le système scolaire en France semble bien inadapté à notre époque si les grands hommes qui ont fait ce monde et qui peuvent être source d’inspiration pour la nouvelle génération ne reviennent dans nos mémoires que grâce aux super productions hollywoodiennes. Comment puis-je en savoir si peu sur tant de choses importantes voire essentielles de notre Histoire ? Je ne parle pas de notre Histoire de France mais de celle des hommes de quelque pays qu’ils soient. Et je ne parle d’ailleurs pas que de l’Histoire, tant d’autres matières sont tout aussi importantes à transmettre. Bien sûr nous ne pouvons tout enseigner à l’école, tout retenir, mais au-delà de cela je pense que c’est la façon d’apprendre qui pourrait être améliorée. La façon de transmettre ne me semble pas la plus appropriée, elle ne suscite pas l’envie d’apprendre, l’enthousiasme qu’il y a à découvrir le monde et à élargir son savoir. Adulte nous avons conscience de l’importance de s’ouvrir au monde, celui d’hier et d’aujourd’hui. Découvrir hier pour comprendre aujourd’hui et anticiper demain. Nos paroles sont bien peu de choses et si elles arrivent aux oreilles de nos enfants mais ne vont pas jusqu’à leurs cerveaux ou ne les touchent pas plus que cela. Moi-même de quoi je me rappelle des cours d’histoire ou de littérature que j’ai reçus? Je me rappelle avoir appris des listes de dates et d’évènements en Histoire et d’avoir fait de même en littérature en 1ère. Mais comment explique-t-on que le programme d’Histoire en 1ère au lycée aborde le XIX et XXème siècle, et que le programme de Français aborde le Moyen-Age, le XVIème, XVIIème siècle. Comment alors nos élèves peuvent s’y retrouver. On ne les aide pas à assimiler plus facilement les programmes en naviguant entre les époques, sans cohérence, sans rythme. Aucun lien entre les matières à l’époque…aucun souvenir de ce que j’ai appris alors !

Par ailleurs, je me pose la question du plaisir bien sûr des élèves à découvrir le monde, mais aussi des enseignants à transmettre leur savoir. Nous entendons souvent parler de ces professeurs qui ont perdu le feu sacré, voire la foi dans leur profession, font des dépressions, ne se sentent pas respectés en classe, encore moins écoutés et se sentent même parfois en insécurité parmi les adolescents ou même des enfants.

De même comment un jeune peut-il envisager l’école comme une prison, où il faut purger plusieurs années de bagne, un lieu inutile par lequel il faut passer, ingurgiter de force parfois des cours, que l’on viendra recracher le jour du contrôle et ensuite se vider la tête en oubliant tout ce qui ne semble pas utile à notre vie présente, juste pour une note, un passage en classe supérieure, ou parce que c’est la volonté des parents.

Comment un professeur peut-il envisager l’école comme une zone de danger de la part des élèves et une zone de contrainte de la part du système qui impose non seulement un programme mais aussi la pédagogie à appliquer, au risque qu’elle soit loin des préoccupations des enfants et détourne ainsi l’intérêt de ces derniers. On ne devient pas professeur par ce qu’on a été forcé à le faire. On doit sûrement aimer transmettre, intéresser et éduquer les jeunes esprits ! Pourtant un grand nombre de professeurs perdent leurs illusions au fil des années, ont l’impression de pratiquer une profession qui n’intéresse pas les élèves. Ils font leur cours de façon automatisée, soit parce qu’ils sont blasés et ont abdiqué au fil du temps, soit pour s’assurer de bonnes évaluation de la part des inspecteurs d’académie qui, il faut bien le dire, tiennent une épée de Damoclès au-dessus de la tête des professeurs qui espèrent une augmentation de salaire ou souhaite avoir plus de liberté concernant les choix d’affectation des postes. Elève ou professeur chacun doit cumuler des bons points, des bonnes notes s’il veut être un peu plus libre, un peu plus riche, ou passer le niveau supérieur. Les professeurs encore passionnés et pleins d’espoir quant à l’utilité de leur métier ne sont suivis par leur hiérarchie que tant qu’ils restent sur le chemin qu’on leur a tracé. Qu’ils n’essaient pas de sortir du programme même pour rendre celui-ci plus intéressant aux yeux des élèves, l’intérêt n’est pas l’élève, mais le système lui-même. Il doit tenir, il doit confirmer qu’il est bon tel qu’il est, sinon où irait le système éducatif français ???

Je me suis posée la question et j’ai imaginé mon école idéale, celle où je serais bien allée moi-même, celle où je mettrais bien mes futurs enfants. Dans un monde idéal, enfin dans mon monde idéal, les matières enseignées à l’école le seraient en interaction constante, des matières concrètes qui suivraient une logique chronologique, tout en restant adaptées à la capacité de compréhension et à l’âge de l’élève.

Je ne parle pas là des études supérieures qui sont des cursus spécialisés dans la voie professionnelle que l’on a choisie, mais des connaissances générales du primaire, collège, lycée.

Au-delà de l’apprentissage des bases de la langue française et des mathématiques, utiles à construire et à structurer notre cerveau, les autres matières semblent avoir à mon gout trop peu de relation entre elles.

Comment traiter distinctement Histoire et Littérature et Sciences ou avancées technologiques. Une découverte technologique ne l’est que dans un contexte historique, socio-économique et politique. Une œuvre artistique et littéraire est nécessairement influencée, ou même trouve sa source dans la vie humaine, à une époque, au cœur de l’Histoire. Que dire de l’étude des sciences de la vie qui  devrait être à mon sens l’étude de la Nature et du vivant dans son ensemble. Elle devrait aussi recouper l’étude de l’agriculture, de l’élevage, la compréhension du vivant et l’impact qu’a l’humain sur le vivant à travers le développement des industries, le développement des énergies et l’agriculture. Ainsi un cours de sciences de la Vie et de la Terre comme son nom l’indique pourrait être couplé avec l’enseignement de la géographie, de l’agriculture et de l’élevage, mais aussi  de la météorologie et de l’écologie et cette liste est non limitative. Les cours en seraient plus dynamiques, plus attractifs pour les élèves et sans doute pour les professeurs aussi. Ce serait également un moyen d’intéresser les élèves à une matière qu’ils n’aimeraient pas particulièrement car celle-ci serait logiquement imbriquée et expliquée dans son contexte et parmi d’autres matières. Il faut repenser l’étude des matières enseignées à l’école, comment elles interagissent entre elles et les aborder sous cet angle et de façon globale.

L’histoire quant à elle ne devrait pas être seulement notre histoire de France même si celle-ci est élargie lorsque l’on aborde les 2 guerres mondiales. Il faudrait amener nos élèves au respect par la connaissance de l’autre, l’Homme comme l’animal et les plantes. Susciter l’enthousiasme de découvrir le monde et son prochain ; son voisin comme l’inconnu du bout du monde. Nous devrions ouvrir la compréhension du monde aux élèves, les ouvrir aux différences de cultures et à leur richesse. Pourquoi ne pas étudier l’histoire, la culture, la religion et les hommes de la Nouvelle Zélande par exemple? Il suffirait de demander aux élèves eux-mêmes si cela les intéresserait !

Pourquoi enseigne-t-on actuellement les matières indépendamment les unes des autres. De plus, qui a dit que les cours devaient se passer chaque jour dans une salle de classe, ou simplement assis, à fixer un tableau noir ou un prof récitant le même cours chaque année à de nouveaux visages et parfois 2 années de suite aux mêmes. La position assise n’est pas la position optimum de concentration pour tous ! Les enfants c’est la vie, les plus jeunes bougent aussi le plus. Ne dit-on pas que la concentration d’un élève ne peut être conservée que 20 minutes en classe ! Les garder assis peut-il forcer leur attention ou leur esprit à être plus réceptif au cours ? Chaque enfant est différent. On le sait aujourd’hui, un enfant peut être actif, sembler faire autre chose mais enregistrer ce qui se passe et les paroles du professeur en même temps. Alors pourquoi ne pas envisager des cours in situ ?

J’aimerais voir se créer des écoles où chaque cours serait tenus par 2, 3, 4 professeurs de matières différentes. Des cours en extérieur, dans un musée, une forêt, une usine… Chaque enseignant apportant sa pierre à l’édifice sur un sujet donné du programme scolaire en général et de façon logique et chronologique pour une meilleure compréhension et mémorisation. Notre Histoire est une musique qu’il faut écouter et comprendre dans la continuité et suivant des notes qui s’enchainent et créent le rythme, l’histoire, les émotions. Que deviendraient un morceau de Wagner si l’on commençait par écouter la fin puis le début puis la fin de nouveau et enfin le début comme on le fait des matières scolaires ? Personnellement mon cerveau n’est pas construit pour avoir cette souplesse ou du moins pour s’intéresser aux choses de façons décousues. Ma vie est continue et mes souvenirs, ma mémoire est liée à cette chronologie, aux évènements et aux émotions. Pourquoi ne pas enseigner de cette même façon, comme nous expérimentons notre propre vie ?

Je préfère imaginer une école et des cours ou chaque intervenant travaillerait ensemble, nourrissant un cours à plusieurs, apportant des compléments d’information, et liant les choses, les évènements et les vies d’hommes célèbres ou anonymes entres eux ! Anecdotes, dates historiques, expériences empiriques ! Des professeurs interagissant avec les élèves, les poussant à réfléchir par eux-mêmes à apporter des solutions loufoques ou plus réalistes à des problèmes ou situations vécues ou potentiellement à venir. Amenant les enfants à s’impliquer dans le monde et dans la vie. Chacun étant une part du groupe, un maillon important de ce qui les entoure et sur lequel ils peuvent agir. Cette école aurait pour but d’expliquer et d’enseigner aux élèves les matières dans leur époque, car comment comprendre et retenir des informations si elles ne sont pas rattachées à une époque. Nos propres souvenirs eux même, ne s’ancrent dans notre mémoire que par associations, associations avec l’actualité, associations visuelles, sonores, olfactives…

Les nouvelles générations que l’on éduque durant au moins 16 années obligatoires sont celles qui veilleront sur nos vieux jours et nous gouverneront. Avec un égoïsme assumé, j’aimerais autant que cette génération dont nous sommes aujourd’hui responsable, ait un cerveau bien fait, souple pour s’adapter aux changements rapides du monde d’aujourd’hui et de demain. Une génération enthousiaste, équilibrée, avec des rêves et l’énergie de s’impliquer dans un monde qu’elle comprend et non qu’elle subit. Une génération capable d’aborder avec une tête et un cœur bien faits. Des hommes et des femmes faisant partis de ce monde au même titre que les autres espèces, en accord avec l’Histoire et la Nature, dont nous sommes une petite partie et non les maîtres. Des individus libres et intelligents, aptes au jugement juste, comprenant les interactions et les conséquences de leurs décisions, de leurs actes. Voilà quel serait l’objet principal du système scolaire idéal et utopique qui me fait rêver et que j’ai partagé avec vous.

Cet enseignement ne serait peut être ni meilleur ni pire que le système actuel. Par contre, je suis persuadé, qu’il ferait des enfants, des adolescents et des adultes plus heureux dans leur vie et plus en paix dans leur cœur.

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